Zombillenium #1 : Gretchen

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24 septembre 2013 par Lunch

Lunch

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Il est de bon ton de dire que les monstres ne sont pas les bienvenus dans notre société moderne. Mis à part dans les films, dans lesquels ils font sensation (surtout les zombies, mais les vampires aussi ont eu leur moment de gloire), ils sont très souvent qualifiés de phénomènes de foire pour la moindre difformité (Joseph Merrick s’en souvient).
Dans ce tout nouveau parc d’attractions près de Valencienne, au contraire, ils se fondent dans la masse populaire et travaillent pour donner des sensations fortes aux visiteurs, qui croient dur comme fer que ce petit monde est empli de comédiens aux costumes très réussis.
Zombillenium (et ses joyeux drilles) est prêt à vous recevoir !

Des personnages exubérants, il en existe bien en chair (même si c’est en option) et en os dans Zombillenium, du vampirique directeur à la momie fugueuse, du démon malgré lui à la sorcière stagiaire, du squelette syndicaliste aux zombies récalcitrants et j’en passe.
Vous en aurez pour vos mirettes si vous cherchez le frisson.

« Oui, chers amis, les attractions de Zombillenium sont criantes de vérité… Aussi, il arrive que certains visiteurs soient sujets au malaises. Aurélien va juste retirer ce tour de son répertoire…
Mais notez qu’il est bien précisé à l’entrée que le parc est déconseillé aux personnes sensibles ! Et vous n’êtes pas des poules mouillées, pas vrai ? Vous êtes venus pour avoir les chocottes, la chtouille, les foies… Vous êtes venus pour vous mesurer à votre PEUR !
Et regardez qui revoilà ! On applaudit madame Cauchois… qui gagne deux entrées gratuites au parc !

Et n’oubliez pas cependant que le parc est interdit aux animaux ! Sauf s’ils sont morts ! Ha ha ! »

Le premier opus de Zombillenium nous présente ce microcosme hors normes qui mélange toutes les inspirations monstrueuses dans une aventure comique et décalée.
En particulier, nous suivrons le destin d’Aurélien, tout jeune défunt, qui peine à trouver sa voie entre le vampire et le loup-garou… ce qui donne un résultat… plutôt démoniaque. Mais c’est pas sa faute, le pauvre !
Pour le guider dans son mal-être (c’est pas évident d’accepter sa nouvelle condition), la sorcière Gretchen oubliera ses prérogatives mystiques et se pliera aux volontés de son père… mystère !

« Prime de fin d’année, RTT, 35 heures, tickets restau, retraite à 60 ans… tout ça, tu t’assois dessus, ce sont des revendications de mortels, plus les tiennes – enfin c’est ce que dit la direction – ici tu vas apprendre à vivre jour et nuit ton rôle de monstre. C’est dur mais on s’y fait. Enfin moi j’ai craqué ce matin comme t’as pu le voir. »

J’ai vraiment pris un grand plaisir à lire cette histoire farfelue et débridée dans laquelle les monstres se réinventent des problèmes bel et bien humains. Les bases posées sont atypiques mais quel meilleur endroit qu’un parc d’attractions pour laisser des monstres en liberté sans que ça ne choque personne ? Il fallait y penser, Arthur de Pins (auteur de Péchés mignons et de La marche du crabe) l’a fait !
Une bande dessinée entraînante et rocambolesque qui cumule les références et les clins d’œil (Michael Jackson, Harry Potter, etc…) et dont les répliques ne manquent pas de mordant.

Pour l’illustrer, l’auteur ne change pas de technique puisqu’il poursuit sa démonstration sur Illustrator, un dessin vectoriel peu courant dans le 9ème Art mais qu’il maîtrise invraisemblablement bien.
Un logiciel qui lui permet de zoomer à l’infini et de réaliser un travail d’orfèvre sur de petits détails qui, à l’œil nu, ne se remarquent presque pas (et c’est dommage).
Après, il faut aimer les aplats de couleur numériques et l’absence de contours de cases qui tendent à lisser le graphisme. Un côté faussement simple qui, je l’avoue, n’est pas ma tasse de thé. Mais on s’amuse, alors ça reste un détail.

Badelel

Badelel

Avec son Zombillenium, Arthur de Pins arpente encore un nouveau genre tout en restant dans une certaine forme d’humour. Après la zoologie et le sexe, il revient à un genre plus classique : les monstres. Mais si la thématique est un classique dans la bande dessinée, Arthur de Pins l’aborde de façon assez originale et dépoussière le genre au Pliz et au balai-brosse. L’esprit n’est pas sans rappeler la série Donjon de Sfar et Trondheim pour son esprit décalé bien qu’on reste très éloignés de cet univers.

Quelques petites révélations viennent ponctuer l’ensemble, ajoutant ainsi un peu de piment au scénario et un regain d’intérêt à une lecture résolument ado.

Quant au dessin, toujours travaillé en vectoriel, l’auteur nous propose quelque chose d’à la fois récurrent et différent des styles qu’il avait adopté jusque là : moins rond que Pêchés Mignons et plus abouti que La marche des crabes. Enfin là par contre y’a pas de miracle : il doit définitivement passer des heures sur certaines cases ! On est certes loin du charme du ton direct, mais l’usage qu’il fait d’Illustrator reste efficace.

Pour conclure, Zombillenium est un agréable moment de détente, bien ficelé et assez original que je prends plaisir à reprendre et à feuilleter.

D’autres avis (nombreux) : Champi, Livr0ns-n0us, Mr. Zombi, Nico, Yvan, Hérisson, Loula, Noukette
Zombillenium #1 : Gretchen
Scénario : Arthur de Pins
Dessin : Arthur de Pins
Édition : Dupuis 2010
La présentation de l’album sur le site de l’éditeur.
Visitez aussi le parc d’attraction !

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