Les voleurs de Carthage #1 : Le Serment du Tophet

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18 Mai 2013 par Lunch

Lunch

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De nos jours on a Ocean’s eleven, avec George Clooney (Danny Ocean) et Brad Pitt.
Mais avant, looooongtemps avant (genre en -147 avant Jean Charles), c’était comment ? Pour faire le parallèle avec le film de Steven Soderbergh on pourrait parler de Tara’s three. Le principe reste le même : le casse du siècle !

« Écoutez-moi, stupides mercenaires !
J’ai été envoyée à Carthage pour organiser le plus grand cambriolage de l’Histoire du monde, et si vous n’êtes pas complètement stupides, vous allez m’aider et je vous rendrai plus riches que les six rois d’Égypte !! »

Évidemment, les personnages charismatiques de la production hollywoodienne n’étaient pas les mêmes à l’époque des Romains, Phéniciens, Gaulois et Numides… D’ailleurs, aucun de ces peuples n’a subsisté aujourd’hui, c’est dire (sauf si l’on considère que les Romains sont les habitants de Rome) !
Ainsi George Clooney est devenu Tara. Voleuse faisant partie de la Famille d’Utique, elle doit se faire passer pour une Vestale (une prêtresse quoi) et infiltrer le temple de « Tanit » afin d’en piller le précieux trésor.
Une femme fatale, belle et manipulatrice, qui était escortée par ses pairs lorsque son convoi s’est fait attaquer. Heureusement pour elle, elle doit sa vie à ses deux nouveaux compagnons de fortune (c’est le mot) : Horodamus et Berkan, deux anciens mercenaires carthaginois, deux déserteurs…

« Si tu cries, je te tue.
_ Si tu me tues, misérable Numide, tu resteras pauvre toute ta vie. »

Horodamus, c’est le Gaulois de la bande (« Qui d’autre qu’un paysan gaulois pourrait porter des braies ? »). Stupide et lubrique, on peut pas dire que son peuple soit mis en avant pour son érudition. Qu’importe, tant qu’il s’amuse et profite. Avec lui on a l’impression que tout est un jeu.

Pour compléter le trio, il y a Berkan le Numide. Il est donc originaire d’Afrique du nord, on est ici chez lui. Pourtant, c’est bien difficile de se sentir chez soi quand tout le monde se bat pour la région, dont Rome et ses légions. Berkan est un homme de contradictions, plus posé que ses deux comparses, mais aussi un peu sauvage. Bref il réfléchit quand c’est nécessaire, mais jamais trop longtemps : il est un homme d’action !

« Bon, que fait-on ?
_ Ils sont six, nous sommes deux.
_ Trois !
_ Tu sais te battre, toi ?
_ Je peux jeter des pierres. »

Trois personnages complètement barrés pour un casse impossible.
Remettons les choses dans le contexte : Carthage, ville Punique fondée par les Phéniciens, est une véritable forteresse dont on dit qu’elle est imprenable, bien qu’elle soit assiégée depuis 3 ans par le général romain Scipion.
Et puis, ce serait tellement plus simple si les trois compères avaient un vrai plan (ah cette fois c’est sûr, Tara c’est pas George Clooney) !

« Moi, c’est simple, je l’assomme, je l’enlève, et je l’emmène en Gaule. Elle tombera forcément amoureuse de moi.
_ C’est comme ça que vous faites en Gaule ? Vous assommez les filles qui vous plaisent ?
_ Vous autres, les Africains, vous faites trop de manières. Je l’assomme et je la viole !
_ Ah là d’accord, c’est sûr qu’elle tombera éperdument amoureuse de toi, si tu y mets les formes. »

Appollo Biotope, Commando Colonial, La grippe coloniale) nous raconte une histoire qui prend place dans son pays natal : la Tunisie.
Des dialogues truculents, bourrés d’humour ; une équipe de choc ; des retournements de situation impossibles : il est là le point fort de cette série, qui se conclura dans un tome 2 qui s’annonce déjà palpitant.
On se demande comment ces brigands de seconde zone peuvent s’en sortir… quoique, vont-ils vraiment s’en sortir ? On est en droit d’en douter. Mais heureusement, eux, ne doutent de rien !

Pour accompagner le scénario, Hervé Tanquerelle (plus connu pour ses autres racontars) sévit avec un dessin semi-réaliste (il y a quelques gros nez par-ci par là, notamment proéminent chez Horodamus et Antigone) reprenant un trait simple et charbonneux.
Les couleurs d’Isabelle Merlet, à tendance ocre, nous imprègnent bien de l’atmosphère africaine pour les situations de jour ou intérieures, et laissent leur place à une ambiance plus lunaire sur les scènes nocturnes.
On apprécie les mimiques expressives de nos héros claudicants : ces grands yeux éberlués lorsqu’ils ne comprennent pas, ces bouilles déterminées quand vient l’heure d’en découdre, ces mines déconfites lorsqu’ils se font piéger, ces masques d’angoisse lorsqu’ils voient la mort de près…

Une bonne entrée en matière pour une bande dessinée avant tout divertissante et pas prise de tête, dont le plus gros atout réside dans le casting de haute voltige.

D’autre avis : Paka, BOBD
Les voleurs de Carthage #1 : Le Serment du Tophet
Scénario : Appollo
Dessin : Hervé Tanquerelle
Couleurs : Isabelle Merlet
Édition : Dargaud 2013
La présentation de l’album sur le site de l’éditeur.

Une réflexion sur “Les voleurs de Carthage #1 : Le Serment du Tophet

  1. […] qui avait auparavant revisité l’histoire de sa ville natale (Les voleurs de Carthage) et plusieurs fois celle de son île (La grippe coloniale, Île Bourbon 1730, Chroniques du […]

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