L’Ascension du Haut Mal

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24 mai 2021 par Lunch

Lunch

Jean-Christophe n’a que 7 ans lorsqu’il est sujet à son premier malaise. Son frère Pierre-François ne comprend pas bien ce qu’il se passe alors. Du haut de ses 5 ans et avec l’aide de sa sœur Florence, 4 ans, ils lui portent secours et appellent leurs parents. S’ensuit alors la grande ronde des médecins et le début de leur enfance douloureuse, le début de l’ascension du « Haut Mal ».

Victime de crises d’épilepsie aussi régulières que violentes, c’est un cortège de spécialistes de tous genres qui se succède durant des années, les causes de cette maladie étant peu connues alors. Confrontés rapidement à l’idée d’opérer Jean-Christophe, les parents préfèrent écarter cette possibilité aux résultats très aléatoires et préfèrent se concentrer sur des médecines alternatives : anthroposophie, vaudou, alchimie, Rose-croix, macrobiotiques, acuponcture, spiritisme, magnétisme et même exorcisme… tout y passe !

« Il y a toujours de nouvelles pistes pour guérir l’épilepsie de Jean-Christophe et tant que ma mère ne les aura pas toutes essayées elle s’en voudra. »

Alors que son frère sombre dans la folie, Pierre-François, qui changera plus tard de prénom pour David, se réfugie dans le dessin. Leur sœur souffre en silence. Le mal prend forme de façon différente pour chacun d’eux. À hauteur d’enfant, sans comprendre les enjeux, ils subissent tous la maladie, forgent un quotidien exigent, rigoureux, un peu triste en somme.

« Sa maladie l’a rattrapé. Il et devenu un handicapé voué à évoluer dans un univers d’handicapé. Mes parents l’ont porté à bout de bras pour qu’il échappe à ça le plus longtemps possible. Jean-Christophe leur en veut parce que tout ce qu’ils ont tenté pour le guérir n’a pas réussi.
C’est peut-être à ce moment qu’il renonce à l’idée de guérir. Lui aussi s’est défendu, avec ses moyens d’enfant. Maintenant il va se servir de sa maladie pour éviter d’affronter la vie. »

Tout au long des six livres qui composent cette intégrale, David B. (Le cheval blême, Par les chemins noirs, Hâsib et la Reine des serpents) relate un récit cruel d’une famille en manque de repères. La maladie a profondément chamboulé leur quotidien : tous ont dû porter la croix de Jean-Christophe, tous ont dû endurer les programmes qui permettraient peut-être un jour d’éloigner ce pernicieux Haut Mal… en vain.

« Je ne peux pas t’aider et j’en crève. »

Au final, L’Ascension du Haut Mal (Alph’Art du scénario à Angoulême en 2000 pour le tome 4, Prix de la ville de Genève en 2003 pour le tome 6) demeure un témoignage fort d’une enfance sacrifiée, pour l’auteur une psychanalyse  et un refuge. Un récit autobiographique peu courant en France à l’époque de sa parution (1996), aussi fascinant qu’il dérange (sentiment de malaise permanent) et interroge (quel accompagnement pour les familles face à l’inconnu, heureusement la science a fait des progrès depuis… mais le propos de l’épilepsie peut aisément se transposer à d’autres maladies et situations comparables). Il confie également ses angoisses et son émancipation, son passage à l’âge adulte, la création de L’Association en 1990. Il lui aura fallu comprendre, digérer et accepter pour affronter sa vie autrement et devenir ce qu’il est aujourd’hui : un conteur talentueux, maître du clair-obscur et du fantastique.

L’Ascension du Haut Mal – David B. © L’Association 2015

Un autre avis : Mo’

L’Ascension du Haut Mal (One shot)
Scénario : David B.
Dessin : David B.
Édition : L’Association 2015 (1° édition 1996 pour le tome 1)

La présentation de l’album sur le site de l’éditeur.