Tristan & Yseult
Poster un commentaire8 mai 2018 par Lunch

Lunch
Toute histoire chevaleresque est rythmée par une noble quête. Celle de Tristan est cousue de fil d’or, d’or comme la toison de la belle Yseult, qu’il part chercher par-delà les océans pour son oncle le Roi Marc. Terrassé le dragon et ses naseaux fumants, les flammes ardentes de la passion, elles, ne cesseront de brûler : Amour magique, magie de l’Amour, Amour tragique…
« Était-elle Yseult avant moi ? Plus que moi ?
Qu’est-ce qui fait que je suis l’Yseult qu’il épouse et elle, l’Yseult qu’il aime ? »
De l’Amour courtois, si propre aux mythes médiévaux, il n’en est jamais question ! Tristan et Yseult s’aiment d’une fougue torride qui sied malheureusement peu aux hautes considérations de la noblesse. L’histoire de ces tourtereaux prisonniers de leurs obligations est connue de tous, la façon dont Agnès Maupré et Singeon la racontent est en revanche plus singulière, quoique plutôt fidèle aux grandes lignes de la légende.
La fraîcheur vient de cette fille capricieuse et de son langage fleuri. Elle vient de l’amour fou, celui qu’on ne retient pas, du sexe bestial et instinctif d’une première fois qui se prolonge à l’infini. Elle vient de cette explosion de couleurs vives à chaque page, de ces aplats verts, orange ou roses sur lesquels repose la blonde chevelure d’une reine si insouciante.
On reconnaît bien là ces histoires telles qu’en raffole Agnès Maupré, a qui l’on doit déjà Milady de Winter ou Le chevalier d’Éon. On retrouve son panache ici encore, cette façon crue de raconter les choses. On ressent cette collaboration avec Singeon comme naturelle, une osmose que j’ai pu apprécié le temps d’une rencontre. Les complices se chambrent à longueur de temps, plaisantent et dessinent même à deux : l’un commence, l’autre achève.
À écouter Agnès Maupré maugréer du temps qui passe, elle n’aurait « rien » fait de ces derniers mois. À son camarade Singeon de lui rappeler avec amusement l’étendue de ses chronophages activités hors contrats BD… dont l’écriture d’une comédie musicale (et probablement quelques farfelues évasions électro-canines).
Les deux compères ont fait les Beaux Arts ensemble et avaient déjà tenté sans succès de mutualiser leurs expériences dans un projet commun. Voilà qui est chose faite aujourd’hui. Et demain ?