Zaï Zaï Zaï Zaï

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25 novembre 2015 par Lunch

Zaï Zaï Zaï Zaï

Lunch

Lunch

Après la bluffante lecture de Carnet du Pérou, pour moi qui ne connaissais pas encore le sarcasme décapant de Fabcaro, l’envie était plutôt forte de découvrir d’autres titres de l’auteur.

Cette nouvelle lecture, forcément moins dépaysante puisqu’il ne s’agit pas cette fois d’un vrai/faux carnet de voyage, est encore un vrai bonheur, du moins pour le profane de sa bibliographie que je suis.
C’est donc parti pour Zaï Zaï Zaï Zaï, un titre qui sonne comme une rengaine pour une lecture qui se termine en chanson.

« Fais pas le con ! Rends-toi et tout se passera bien !
_ Je veux pas aller en prison ! Mes filles vont trop me manquer ! En plus j’ai une illus’ à rendre pour lundi… »

Avec un humour caustique et une autodérision de tous les instants, Fabcaro sait comment retourner une situation banale pour l’emmener vers le rocambolesque.
L’album débute par une scène de la vie courante alors qu’un homme (l’auteur, lui-même acteur dans son propre film) passe à la caisse du supermarché. C’est là que l’impensable se produit : il a oublié sa carte du magasin !
Ça vous rappelle vos dernières courses n’est-ce pas ? Ce n’est pourtant qu’une toute petite mise en bouche, le début de la boucle infernale, d’une course poursuite incroyable et parfaitement déjantée.
Le résultat est tout bonnement loufoque, farfelu… autant de qualificatifs portant la drôlerie toute en surenchère de son album. C’est frais et décalé… bref, un régal !

Le dessin, tout en sobriété, va droit à l’essentiel. Ce qui ne sert pas le récit est à peine esquissé, au mieux. On pourrait même parler d’économie puisque Fabcaro ne multiplie pas les plans quand un même dessin peut servir sur plusieurs cases.

« Nathalie Martois-Brossard, pourrait-il y avoir des enfants parmi les otages ?
_ Écoutez Bruno, rien ne nous permet d’affirmer à ce stade qu’il y aurait des enfants parmi les otages. Mais si tel était le cas, certains d’entre eux pourraient très bien souffrir d’asthme chronique ou de diabète. Auquel cas, ils nécessiteraient un suivi médical urgent. La situation serait préoccupante. »

On se laisse plutôt porter par les mots et ces quelques réflexions jetées sur nos stupides habitudes de consommateurs. Bien que tout soit extraordinairement capillotracté et poussé à l’extrême, il y a aussi beaucoup de vrai là dedans.

Si l’auteur lui-même évoque « un certain systématisme dans ses schémas de narration » (oui, il s’auto-analyse aussi dans son récit), pourrions-nous pour autant vraiment lui en vouloir – si tant est que ce soit vrai – tant ça fonctionne et ça fait rire ?
Personnellement, j’ai beaucoup ri… Alors bravo !

D’ailleurs, je ne suis pas le seul puisque l’auteur a été consacré au Festival de Saint-Malo 2015 par le Prix Ouest France, grand bien lui en fasse !

Addendum du 12/12/2015 : Fabcaro décroche aussi avec Zaï Zaï Zaï Zaï l’une des récompenses les plus convoitées du 9ème Art avec le Grand Prix de la Critique ACBD 2016 !

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Zaï Zaï Zaï Zaï – Fabcaro © 6 pieds sous terre 2015

Badelel

Badelel

Après s’être fait rouler dans la farine par Fabcaro dans Carnet du Pérou, on a décidé de remettre ça sur son dernier best-seller, Zaï zaï zaï zaï. Décidément rendu maître de l’absurde, l’auteur aime pousser les situations jusqu’au bout.

Le personnage, sorte d’alter ego de l’auteur, a oublié sa carte du magasin dans son autre pantalon. Devant un tel méfait, la situation dérape rapidement et Fabrice en vient aux mains et menace le vigile du magasin armé d’un poireau avant de prendre la fuite.

Une fois encore, Fabcaro mène son bouquin avec un ridicule détonnant. Entre le chien policier empaillé et la chanson caritative des « chanteurs sans a priori », il distille du loufoque à chaque page.

Il multiplie les points de vue : la police, le consommateur moyen atterré par la « violence » des événements, la fuite du héros…

Difficile dans tout ça de déterminer si l’auteur dénonce des situations (dérives de la société de consommation, surmédiatisation, intolérance, théorie du complot…) ou s’il s’en sert uniquement comme base pour aller le plus loin possible dans l’absurdité.

Au milieu de tout ça, on retrouve pêle-mêle du Balavoine, du Goldman, du Jacky Galou et du Joe Dassin (faut bien justifier le titre d’une façon ou d’une autre…).

On retrouve à nouveau son trait « jeté » qui donne une impression de « pas fini » qui ne manquera pas d’en déranger certains, complété par des aplats de noir et de vert.

roaarrr

– Prix de la critique ACBD 2016
– Prix des lecteurs K.BD 2016

D’autres avis : Mo’, Mitchul, Yvan, PaKa
Zaï Zaï Zaï Zaï (One shot)
Scénario : Fabcaro
Dessin : Fabcaro
Édition : 6 pieds sous terre 2015
La présentation de l’album sur le site de l’éditeur.

5 réflexions sur “Zaï Zaï Zaï Zaï

  1. […] la lecture plutôt tôt dans la journée de Zaï Zaï Zaï Zaï et du dernier « Corto sans Pratt », cet album de Moonhead est une vraie […]

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  2. […] Badelel : « Difficile dans tout ça de déterminer si l’auteur dénonce des situations (dérives de la société de consommation, surmédiatisation, intolérance, théorie du complot…) ou s’il s’en sert uniquement comme base pour aller le plus loin possible dans l’absurdité. Au milieu de tout ça, on retrouve pêle-mêle du Balavoine, du Goldman, du Jacky Galou et du Joe Dassin (faut bien justifier le titre d’une façon ou d’une autre…). On retrouve à nouveau son trait « jeté » qui donne une impression de « pas fini » qui ne manquera pas d’en déranger certains, complété par des aplats de noir et de vert. » […]

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  3. […] Badelel : « Décidément rendu maître de l’absurde, l’auteur aime pousser les situations jusqu’au bout », […]

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  4. Mo' dit :

    Je pense que je profiterai d’Angoulême pour me procurer d’autres albums de Fabcaro. Comme vous, j’ai beaucoup aimé ce titre (après avoir adoré me faire rouler dans la farine en découvrant « Carnet du Pérou » 🙂 )

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