3 grammes

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16 octobre 2015 par Badelel

3 grammes

Badelel

Badelel

Livre autobiographique, 3 grammes est le témoignage de Jisue Shin après avoir été soignée d’un cancer de l’ovaire.

Jisue n’a rien de particulier. Elle a 26 ans au moment des faits, elle est illustratrice, sportive, elle a un petit ami. Sa vie est douce et rythmée par un quotidien sans embûche. Ce n’est qu’un simple gonflement du ventre qui lui met la puce à l’oreille.

Lorsque le cancer est diagnostiqué, sa vie bascule soudain.

Livrée sans pathos mais avec émotion, cette BD décrit simplement les différentes étapes : les symptômes, les craintes, le diagnostic, le traitement, la peur de la mort, la vie à l’hôpital (en chambre de 6 personnes + les lits de camp pour les accompagnateurs), les proches et les relations humaines jusqu’à la guérison et le retour à la vie.

C’est raconté avec cette simplicité et cette discrétion toutes coréennes, c’est pourtant très expressif, privilégiant la psychologie et le ressenti. Le dessin est d’ailleurs très simple, voire simpliste, limite trop. Mais il apporte une douceur et un éloignement face à la gravité du sujet bienvenus malgré quelques doubles pages muettes mettant en avant son état d’esprit à l’instant.

C’est un livre qui raconte un quotidien, un quotidien vraiment pas rigolo, certes, mais c’est le quotidien d’un très grand nombre de malades et tous n’ont pas la chance de s’en tirer aussi bien. Ce livre, elle l’a écrit 6 ans plus tard. Elle a pu reprendre une vie normale après plusieurs mois très difficile et c’est un soulagement. Mais on ne peut s’empêcher de penser que tout le monde n’a pas cette chance face au cancer.

3 grammes - extrait

3 grammes – Jisue Shin © Cambourakis 2012

Lunch

Lunch

Le cancer est une hantise pour tout le monde. Nous connaissons peu cette maladie qui peut toucher à peu près tous les organes du corps humain et dont les conséquences sont trop souvent dramatiques. Alors apprendre que quelqu’un qu’on connaît est touchée par ce mal fout la trouille. On se demande si la personne va s’en sortir, si nous la reverrons.
Évidemment, si ça nous touche à nous, ce doit être un véritable cauchemar…

« Vos parents ne sont pas venus ?
_ Non. Dites-moi ce que j’ai. J’espère que ce n’est pas un cancer.
_ On a malheureusement détecté des cellules cancéreuses.
_ Quel genre de cancer ?
_ C’est un cancer de l’ovaire. »

Jisue Shin, l’auteure de ce livre, a été dans ce cas. On lui a diagnostiqué un cancer de l’ovaire alors qu’elle n’avait que 26 ans, c’est à dire un truc hyper grave sur un petit bout d’intérieur de femme d’à peine quelques grammes.
3 grammes est en quelque sorte sa psychothérapie, alors qu’elle s’est relevée de cette épreuve difficile mais, preuve en est, pas insurmontable. Ce sont des témoignages comme celui-là qui forgent le mental d’autres patients et qui permettent de mieux tenir le coup, de trouver le courage d’affronter sa maladie.

« Je voulais leur demander si ça se voyait, si la perruque m’allait bien ou s’il fallait mieux que j’y renonce. Mais je ne voulais pas rejeter leur compassion à mon égard, j’étais obligée de me taire. »

On le vit dans cette lecture, Jisue Shin est passée par toutes les humeurs : malaise, décomposition, surprise, attente, interrogation, peur, solitude, recherche d’espoir, délivrance, honte… On perçoit les échos d’une société qui n’est pas prête à ça et qui doute. La scène de la perruque à la fin de l’histoire est symptomatique.

Je retiens surtout de cette lecture les belles double pages illustrées que nous avons au milieu du livre et qui appuient fort sur un sentiment de solitude très présent, notamment par l’usage de la métaphore : immensité de l’océan, obscurité de la nuit.
En dehors de ça, je regrette que cette lecture ne m’ait pas plus touché. Le dessin paraît minimaliste et l’auteure raconte des faits sans mélodrame, elle ne rend pas le sujet passionnant. Certes c’est son histoire et elle essaie de traiter le sujet sur un ton léger. Peut-être un peu trop à mon goût.

A noter le « livre dans le livre » qu’elle insère dans les pages, un petit fascicule carré qui s’intègre parfaitement à la lecture et qui représente un îlot de paix dans un moment de déprime, une façon de se raccrocher au monde, de Ne jamais abandonner quand on a besoin de soutien et de messages forts.

D’autres avis : Bidib, Yvan, David
3 grammes (One shot)
Scénario : Jisue Shin
Dessin : Jisue Shin
Édition : Cambourakis 2012
La présentation de l’album sur le site de l’éditeur.

Une réflexion sur “3 grammes

  1. […] l’avons dit : Badelel : « C’est raconté avec cette simplicité et cette discrétion toutes coréennes, c’est pourtant […]

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