Petites coupures à Shioguni

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1 juillet 2015 par Badelel

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Déjà conquis par Manabe shima et Tokyo Sanpo ? Nous vous proposons d’en remettre une couche avec un retour inattendu de Florent Chavouet. Cette fois, point de carnet de voyage, mais toujours aussi unique dans sa démarche, l’auteur s’attaque à la BD, la vraie et certainement pas en respectant les règles à la lettre !

Petites coupures à Shioguni est un polar, c’est incontestable : il a gagné le Fauve Polar SNCF lors de la dernière édition d’Angoulême (c’est bien la première fois que j’ai à ce point apprécié une BD qui a obtenu ce prix !).

« C’est une histoire simple racontée de façon complexe » a dit Florent Chavouet ce jour-là sur la scène. En effet, nous nous trouvons en fait dans le carnet d’un enquêteur. Pitch de départ : Kenji a emprunté de l’argent à des yakuzas et ne les a pas remboursé. Le règlement de compte se termine avec la tête de Kenji sur le grill.

On découvre les éléments au fur et à mesure que l’enquête se déroule sur le carnet. Notes en vrac, plans de la ville, témoignages, suppositions se succèdent et reconstituent petit à petit un puzzle pour finalement découvrir que c’était, comme le dit notre ami Shakespeare, beaucoup de bruit pour rien !

Ah mais pas pour rien, parce que suivre cette enquête est juste extraordinaire. Le medium bande dessinée est désexploité : il sert de base pour le récit mais déconstruit complètement la structure classique.

On multiplie les points de vue : la police, les suspects, les témoins. On grapille les indices, on associe les éléments entre eux… Ce n’est pas compliqué : Chavouet pose le lecteur au poste d’enquêteur (on ne découvrira que très tard l’auteur de cette enquête ; et encore Lunch n’est pas convaincu).

Évidemment, de la part de Chavouet, on ne s’attendait pas vraiment à un récit ordonné, des cases carrées sagement agencées ! De la même manière, on s’attend à un trait original et frais. Pour le frais on repassera : on n’est plus dans un carnet de voyage drôle et tout mignon mais dans une enquête policière : ça doit être noir. Par contre c’est original. A son merveilleux crayon de couleur qui me séduit toujours autant, il a ajouté du feutre, de l’aquarelle, des collages… Tout est bon pour rendre ce récit le plus atypique possible !

A tout cela, on peut ajouter l’authenticité. Chavouet a un tout petit peu ses entrées au Japon depuis le temps… Si Shioguni est une ville fictive, l’ensemble a été conseillé et relu par des Jap’ pure souche pour que ce soit le plus crédible possible. Cela dit, le cadre est tellement farfelu que pour moi, ça tient plutôt du détail.

D’autres avis : Bidib, Choco, Mo’, Yvan
Petites coupures à Shioguni (One shot)
Scénario : Florent Chavouet
Dessin : Florent Chavouet
Édition : Philippe Picquier 2014
Le blog de Florent Chavouet.
La présentation de l’album sur le site de l’éditeur.

3 réflexions sur “Petites coupures à Shioguni

  1. Jerome dit :

    J’ai adoré ! Incroyable comme il parvenu avec une facilité déconcertante à changer de registre par rapport à ses carnets de voyage.

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  2. […] : il sert de base pour le récit mais déconstruit complètement la structure classique. » (Badelel) J’aurais pour ma part utilisé le néologisme « dexploité », mais vous tenez […]

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